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Difficultés des jeunes pour apprendre et s’orienter dans le monde d’aujourd’hui

(en guise d’introduction au séminaire par visioconférences du 5/6/2021)

A la suite du séminaire en visioconférences proposé le 5 juin 2021 par notre association « Apprendre et s’orienter » (AESO), je tiens à remercier chaleureusement nos conférencières qui ont accepté de nous aider à réfléchir sur des sujets d’actualité particulièrement complexes à partir de leurs multiples compétences respectives :
– Mme. Frédérique Sicard, Professeure agrégée de langue arabe, proviseure adjointe de lycée en retraite, est aussi sociologue. Elle nous a parlé de : « La laïcité à l’épreuve des identités chez les adolescents ». Lien vers l’article
– Mme. Elisabeth Chauvet, Magistrate honoraire a été au début de sa carrière psychologue clinicienne, puis elle s’est réorientée en passant les concours de la magistrature. Une belle illustration d’une orientation tout au long de la vie. Sa conférence était ciblée sur : « Le cas des mineurs non accompagnés en quête d’accueil et d’avenir ». Lien vers l’article

Bonnes lectures sur notre site de leur résumé et un accès possible à leur texte avec une bibliographie correspondante. J’en profite pour remercier notre secrétaire Ludovic Pinard qui gère cette activité de maintenance du site, sachant que nous avons besoin d’autres collaborateurs pour assurer la rédaction de rubriques et de comptes rendus. L’association « Apprendre et s’orienter » a fait le pari d’échanger avec des spécialistes sur des problèmes d’éducation de jeunes rencontrant des difficultés particulières d’orientation et d’identité.

Minski (1961)[1] aurait pu qualifier ces questions d’orientation incertaine et complexe, de problèmes « mal définis », pour lesquels il n’existe pas une seule solution, ni une procédure unique de résolution, contrairement aux problèmes « bien définis ». Les premiers problèmes sont les plus nombreux à affronter dans une vie, pourtant ils font le moins l’objet d’apprentissages spécifiques à l’école ! Pour affronter ces problèmes, les jeunes ont besoin du soutien de leurs parents, de leurs enseignants, de conseillers d’orientation etc. afin de leur permettre de construire diverses stratégies en vue de progresser dans un environnement incertain. La rigueur des sciences humaines et sociales paraît parfois bien dérisoire face aux défis que ces jeunes doivent relever !
Le second type de problèmes est davantage enseigné à l’école, et appartient surtout aux sciences prestigieuses (Mathématique, Physique et Chimie par exemples). Ces sciences apportent certes des solutions précises et contribuent à des réalisations concrètes (construction de maisons, de ponts et de fusées spatiales par exemple). Genelot nous met en garde contre un mode de pensée dominant que ces « sciences exactes » pourraient nous imposer : « Dans le domaine des sciences, le paradigme de la science classique, conçu sur le modèle mathématique, a créé depuis trois siècles une sorte de prééminence du « calculable » dans la pensée, en allant même jusqu’à disqualifier en « science molle » tout ce qui n’était pas mathématisable, et a imprimé sa marque dans notre façon de voir et de concevoir le monde. Cette empreinte culturelle se double aujourd’hui de l’intrusion massive des technologies digitales dans notre autonomie de pensée[2]. »

En guise d’introduction générale aux problèmes exposés par nos conférencières, je tiens en outre à évoquer celui des réseaux sociaux dont l’emprise sur les jeunes doit être analysée et faire l’objet de prévention, d’éducation aux médias et à la pensée critique (Monjo, 2017)[3], en vue de soutenir et protéger une certaine auto-orientation des jeunes. En effet, les réseaux sociaux s’avèrent être de formidables moyens d’information et de communication instantanée dans le monde entier. Ils peuvent séduire, amuser… mais aussi, en même temps, exercer une emprise redoutable, diffuser de fausses informations grâce à l’intelligence artificielle : « les data, et les algorithmes qui les organisent, font bien plus que documenter nos comportements, ils les fabriquent et récursivement les manifestent – voire les orientent – à partir de critères normatifs autoréférents qui souvent échappent à notre entendement » (Fleurance[4]). Ainsi les jeunes peuvent se trouver piégés, livrés éventuellement à d’odieux chantages et à une vindicte populaire. Il faut appréhender les fonctions des réseaux sociaux avec une pensée dialogique de la complexité, chère à Edgar Morin[5], pour en souligner les multiples facettes. Ils ont souvent été évoqués cette année scolaire pour expliquer à la fois des conflits, des bagarres entre bandes rivales de quartiers, mais aussi des harcèlements voire des assassinats pour des motifs futiles.
Parents, enseignants, éducateurs, conseillers d’orientation… ne peuvent plus se contenter des concepts de socialisation primaire par la famille, ni de socialisation secondaire par l’école, depuis que Harris (1995)[6] a démontré l’immense attrait et le pouvoir d’identification d’un jeune pour son groupe de pairs qui constitue une source de socialisation tertiaire encore plus forte. Or, de nous jours, il nous faut en outre proposer le concept de socialisation quaternaire pour expliquer le pouvoir grandissant des réseaux sociaux (Pithon, 2017)[7]. Ainsi, Saritzky (2009)[8] commente les résultats d’une enquête effectuée aux USA sur l’usage des réseaux sociaux par des adolescents : « 22% d’entre eux vont sur des sites de leurs réseaux sociaux plus de 10 fois par jour, alors que seulement 4% des parents pensent qu’ils le font à cette fréquence. (…) 28% ont partagé des informations personnelles qu’ils ne donneraient pas en public, 39% ont posté une information qu’ils ont regrettée ».

            En périodes électorales méfions-nous des instrumentalisations partisanes s’appuyant sur ces faits sociaux complexes et de la manipulation périodique du sentiment d’insécurité lors de ces étapes importantes de notre démocratie avec des promesses simplistes qui alimentent des discours enflammés. Nous invitons tous les acteurs intéressés par les questions d’apprentissage et d’orientation à nous faire part de leurs suggestions et à nous rejoindre dans le cadre de l’association « Apprendre et s’orienter ».

Gérard Pithon, Président de l’association « Apprendre et s’orienter »


[1] Minski, M. (1961). Steps toward Artificial Intelligence. Proceedings of the IRE, 49/1, 8-30, 10.1109/JRPROC.1961.287775

[2] Genelot, D. La pensée et l’action forment une boucle récursive : La pensée nait de l’action, qui elle-même est le fruit de la pensée. https://www.intelligence-complexite.org/media/document/conseil_scient/pensee-et-laction-forment-boucle-recursive-pensee-nait-laction-elle/open

[3] Monjo, R. (2017). Deux questions à propos de l’implication mutuelle de l’esprit critique et de la laïcité dans l’appréhension républicaine de l’éducation morale et civique. In Pithon G. et Monjo R. (Eds). Éducation et socialisation. N°46, URL : http://journals.openedition.org/edso/2704

[4] Fleurance, F. En quoi le développement de la mise en données de phénomènes, intéresse-t-elle notre intelligence de la complexité ?, Newsletter N°1, Welcome Complexity.

[5] Morin, E. (1990). Introduction à la pensée complexe. Paris : Ed. Du Seuil.

[6] Harris, J. R. (1995). Where is the child’s environment?  A group socialization theory of development. Psychological Review, 102, 458-489.

[7] Pithon, G. (2017). Apprendre à des enfants à « vivre ensemble » : nouveaux défis pour les familles et les écoles de la République. In F. Olabarrieta Artetxe, L-M Iturbide Luquin & A. Etxaniz Aranzeta (Eds). Le développement psychosocial par la co-éducation (famille, école, communauté).San Sebastian : Université du Pays Basque, 61-71.

[8] Saritzky, M. (2009). Is Social Networking Changing Childhood ?  https://www.commonsensemedia.org/about-us/news/press-releases/is-social-networking-changing-childhood

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Congrès sur l’Histoire de la Psychologie Sociale 24-25 Novembre 2022 – Dijon – Université de Bourgogne

Avec la participation de Gérard Pithon, le 24 novembre à 9H30 voir l’article : https://www.apprendreetsorienter.org/2022/11/les-organisations-humaines-film-presente-a-dijon-le-24-11-2022/(ouvre un nouvel onglet)

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Les Organisations Humaines – Présentation du film à Dijon le 24/11/2022

Film présenté à Dijon le 24/11/2022 (9H30) pour les journées de  « La  conférence internationale sur l’histoire de le psychologie sociale », organisées par l’université de Bourgogne et lAssociation pour la Diffusion de la Recherche Internationale en Psychologie Sociale (ADRIPS).

Préambule par G. Pithon* (réalisateur) : Co-construire un séminaire de formation sur les organisations avec A. Demailly* (auteur).

A partir de formations filmées par le Dr. J. Miermont, Psychiatre, CHS Paul Guiraud de Paris, et animées par Demailly, nous avons décidé, avec son épouse  d’illustrer l’évolution de ses intérêts pour quatre auteurs contemporains.  Les spécialistes en orientation y trouveront des analyses sur les dysfonctionnements de la pensée humaine, mais aussi “sociale et organisationnelle” !  Ce séminaire filmé a pu être réalisé grâce aux travaux de B. Pimentel et de M. Etienne (monteurs). * Maitre de conférences honoraire en psychologie sociale du travail et des organisations, Université Paul-Valéry de Montpellier.

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La recherche en travail social et santé dans les sciences de l’éducation et de la formation (TRESSE) – 30 juin, 1er et 2 juillet 2021 à distance

“Le travail de la relation” – 30 juin, 1er et 2 juillet 2021 à distanceLe colloque TRESSE (“La recherche en travail social et santé dans les sciences de l’éducation et de la formation ; le travail de la relation”) organisé par le laboratoire CIRNEF (EA 7454, Normandie Université) aura lieu les 30 juin, 1er et 2 juillet, à distance.

Le programme du colloque ainsi que toutes les informations relatives à cet événement sont à retrouver sur le site : https://tresse2020.sciencesconf.org/

L’inscription est gratuite et ouverte à tous jusqu’au 24 juin : https://tresse2020.sciencesconf.org/

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Entre tellement de possibles toujours un chemin se démêle

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Mise à jour 16 12 2019

Articles

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Sentiment d’efficacité personnelle. De la théorie aux outils

Questions d’orientation (journal des professionnels de l’orientation) publie en septembre 2019 un numéro double consacré au Sentiment d’efficacité personnelle. De la théorie aux outils – Des outils aux pratiques. Cette revue de  l’APsyEN est coordonnée par serge Blanchard. Il y est fortement question de la notion « d’approche orientante ». Articles de : Serge Blanchard- Rowayda Zein – Jean-Marie Quiesse – Jean Claude Sontag – Jean Philippe Gaudron – Araine Blanchard – Zbyslaw Adamus – Martine Bertrand – Maryline Koziel – Emmanuelle Millon – Sylvie Rousseau-Vic

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Hélène Angeville

L’orientation professionnelle est un phénomène complexe et en constante évolution. Elle ne peut se situer en dehors de la vie scolaire, encore moins de la vie professionnelle. Elle devrait faire l’objet d’une politique cohérente, associée à une politique globale de l’éducation (Hélène Angeville, revue Après Demain, 1971)

Philosophe, ethnologue et Conseillère d’orientation

Hélène Angeville, née en 1927, était philosophe et ethnologue. Elle intègre le métier de Conseiller d’orientation en 1955 et est nommée à Firmigny. En avril 1960 elle est chargée de la formation pratique à l’ INETOP où elle exerça jusqu’en 1988, prenant sa retraite avec le grade de Directeur de CIO. Elle est décédée le 20 octobre 2019.

Une militante de la cause “orientation”

En 1953 les 17 personnels de l’orientation professionnelle de la CFTC rejoignent le tout nouveau syndicat Sgen sous la houlette de Jean Heudier, secrétaire de la section qu’Hélène Angeville remplace en 1966. Son mandat dure 13 années. En 1966 elle devient en outre suppléante du représentant CFDT à la commission emploi du Commissariat pour le Ve plan et le demeura pour le VIe plan, tirant, dit-elle, un grand profit de la documentation dont on disposait. Elle participe très activement à l’élaboration de la nouvelle organisation administrative d’orientation actée en 1970/71 ainsi qu’au nouveau statut de Conseiller (1972). Elle restera pendant de longues années à la CAPN (Commission administrative paritaire nationale).

Visionnaire et battante

Tout au long de sa carrière, elle restera fidèle à son engagement syndical et à l’idée de la spécificité d’une autonomie, d’un statut et d’une qualification “orientation”, alors que beaucoup de responsables penchaient pour confier l’orientation aux professeurs sans formation spécifique. Elle fut, avec Jean Heudier et Geneviève Latreille, une défenseuse de la cause de l’orientation scolaire et professionnelle ; elle contribua à la commission socio-pédagogique du syndicat, qui permit à celui-ci d’être souvent en pointe sur les propositions de réforme de l’enseignement.

Jean-Marie Quiesse – 22 octobre 2019

Biographie

Histoire du Sgen CFDT

Revue Après Demain 1971

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Nathalie Pinson : Découvrir les métiers pour “Apprendre avec la tête, avec le cœur et avec les mains”

 

Directrice d’EDC, Entreprise dans la Cité[1], Nathalie Pinson est, selon ses termes, « une passionnée de la découverte des métiers ».  Je ne sais pas vraiment pourquoi mes actions plaisent autant aux jeunes quant à moi, la vie m’a apprise que l’on pouvait “Apprendre avec la tête, avec le cœur et avec les mains” (Johann Heinrich Pestalozzi). Elle se présente comme « spécialiste de la découverte des métiers par le geste, l’image et les mots »

 Elle a travaillé 11 ans, au sein du quartier populaire des Dervallières à Nantes (1 des 5 quartiers les plus pauvres de France), avec pour mission de faire découvrir les métiers et ce pour tous les publics. Elle a développé deux axes autour de la découverte des métiers : par le geste professionnel et l’autre par l’image (vidéos sur les métiers).

 En 2017 15 000 scolaires ont profité de son expérience à travers le  Forum des métiers “Place Ô Gestes” (Nantes & St Nazaire), le Festival de films sur les métiers “Métiers à l’Affiche”[2] et surtout par la rencontre avec l’autre, celui ou celle qui est allé.e au bout son rêve, celui ou celle qui a réussi. Le but de Nathalie Pinson est de d’insuffler la passion, l’épanouissement, le parcours et le champ des possibles !

 Elle propose notamment la découverte de métiers par une approche d’Education à l’image et à l’information renforcée. (Chaine YouTube : Association LA PLACE DES MÉTIERS, près de 2000 films en Playlists).

 Ces interventions auprès de  différents publics : MLDS, Jeunes en Etablissement Pénitenciers pour Mineurs, Adultes en Insertion, collégiens non REP,  élèves handicapés d’ULIS, élèves de 2nde d’un très beau lycée du centre-ville de Nantes, lui ont permis de vérifier que ses actions de découverte des métiers ont du sens pour les enseignants et les scolaires.

Forte de ce constat elle a développé deux actions auprès de classes SEGPA actions : “Le Champ des possibles” pour les 6ème  et  “Les métiers & Les choix” pour les 5ème qui vont se dérouler tout au long de l’année scolaire 2018, impliquant les parents et les entreprises.

 « En effet ,dit-elle,  c’est au sein de ces classes que j’ai vécu les moments les plus forts où je mesure l’impact et la nécessité d’intervenir auprès de ces jeunes et leurs enseignants très souvent “délaissés” et stigmatisés au sein même de leurs établissements. » – « Ce sont pourtant des lieux où je trouve une énergie incroyable, je vois des yeux qui brillent, des enfants qui ne parlaient pas s’exprimer, des équipes se former et des enseignants formidables qui exploitent au mieux chacune de mes séances de découverte des métiers. Nous avons même abordé Victor Hugo en 6ème SEGPA grâce à sa citation : “Rien de tel qu’un rêve pour créer le futur”.

 Nathalie Pinson collabore activement avec la ville de Nantes, le Carif-Oref, l’Education nationale, la Dronisep,  et anime un jeu Réalise ton métier.

 Lien pour l’action “Les métiers & Les choix – 5ème SEGPA

Lien pour l’action “Les métiers & Les choix – 3ème Prépa Pro La Flèche

[1] Créé en 1995, le club Entreprises dans la Cité (EdC – Association loi 1901) réunit des entreprises et des acteurs de la vie économique et sociale de la métropole nantaise. Installé depuis 2007 dans le quartier nantais des Dervallières, EdC propose des projets concrets nés de besoins spécifiques du territoire et conçus en coopération avec ses partenaires.

[2] En partenariat avec la DRONISEP et le CarifOref Pays de la Loire

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L’orientation dans le monde – Une science ?

Karl JASPERS (1989) est sans doute l’un des tous premiers penseurs européens à avoir eu l’idée d’un traité de métaphysique portant explicitement l’idée de « Sciences de l’orientation dans le monde ». Articulant problématicité et historicité, le philosophe fait de la question de l’orientation dans le monde, le principe de la liberté existentielle confronté aux nécessités de la vie et à la transcendance.

L’acte 1, des « Sciences de l’orientation » engagées dans le processus de mondialisation des années 2015-2035 consisterait à recenser pays par pays, l’état de l’art d’une grande question d’éducation qui concerne l’avenir de la jeunesse, dans les rapports formation-emploi (et vice-versa) mais pas seulement.

Les Editions L’Harmattan (Paris) ont été pionnières dans un travail de prospection de l’orientation dans le monde. Dès 1988, l’ouvrage de Maniez et Pernin, et alii, voyait dans le Conseiller d’orientation, un métier moderne. Par la suite H. Eckert (1993) a réalisé une comparaison Allemagne-France sur l’orientation professionnelle. Vingt ans plus tard, R. Okene (2013) s’est intéressé à l’orientation des jeunes en Afrique. L’histoire s’accélère en ce domaine, puisque P. Wenda T. Tshilumba (2014) publie un guide pratique sur L’orientation scolaire et professionnelle en RD du Congo. P. Bringuier, P, (2015) observe Des jeunes qui se cherchent. Un conseiller d’orientation témoigne. J. Bouda (2016) étudie La fonction du conseiller d’orientation scolaire au Cameroun. G. Gaglio, M. Kaddouri et F. Osty (2017) ont analysé des Trajectoires professionnelles, Trajectoires de vie-entre engagement et réflexivité. Enfin dans la suite du colloque international de Cerisy-la-Salle (08/15), nous venons de publier S’orienter dans un monde en mouvement avec des contributions qui mettent l’accent sur la dynamique internationale de l’orientation à tout âge, tant que du point de vue de l’UNESCO que de pays comme Haïti ou le Québec.

Le travail de D.B. Ngeleka, expert en éducation sur la problématique de l’Afrique centrale, confrontée aux enjeux de la globalisation et du développement durable, que nous venons de postfacer, a pour titre : Orientation et Bonne gouvernance à l’ESU en RD Congo [Editions universitaires européennes].

 Ce chercheur particulièrement attentif à la situation congolaise, se situe dans une perspective de développement des ressources humaines. L’orientation concerne les droits humains, c’est-à-dire la liberté de choix dans les études, l’obtention d’une qualification et la possibilité d’avoir un travail, c’est-à-dire d’occuper une place dans la société en fonction de ses talents et de son mérite.

Dans le prolongement de l’éducation familiale, l’action d’un personnel spécialisé d’orientation scolaire et professionnelle est l’affaire de l’enseignement primaire, secondaire, professionnel, universitaire et de recherche.

Les centres inter institutionnels de bilans de compétences sont des leviers d’action indispensables pour accompagner les évolutions professionnelles dans la carrière (approche carriérologique).

L’auteur ne réduit pas l’orientation au domaine scolaire et professionnelle puisqu’il envisage l’orientation des adultes dans l’entreprise, élargissant les propos à la gestion des ressources humaines tout au long de la vie. Soulignant à juste titre, le processus d’internationalisation de l’orientation, D. B. Ngeleka prend appui sur les politiques publiques pour développer une approche comparative (Argentine, Canada, Australie, Nouvelle-Zélande, Danemark, Royaume-Uni, Union Européenne et Etats-Unis) centrée sur les compétences.

Faut-il s’inquiéter d’une « fuite des cerveaux », c’est-à-dire d’un exode des compétences qui priverait certains pays des ressources immatérielles nécessaires à leur développement ? L’auteur conclut son argumentaire par un questionnement sur la « Bonne Gouvernance » prenant en compte en particulier, les droits des femmes et des personnes vulnérables dans un État de droit. On le voit, l’orientation est bien plus qu’une technique, dans la mesure où elle concerne des droits économiques, sociaux et culturels liés à une conception de l’être humain dans son rapport à l’environnement géographique et social. La qualité du conseil en orientation génère une plus-value éducative dont les retombées doivent être positives pour l’individu et la collectivité à laquelle il ou elle appartient.

Tout le monde devrait avoir intérêt à encourager des initiatives en faveur d’une orientation positive et inclusive liée à une culture de paix, d’égalité des sexes et de respect des valeurs africaines centrées sur le développement du potentiel humain.

L’orientation est portée par une exigence spirituelle, comme semble le signifier l’auteur à l’adresse de ses « Enfants et Petits-enfants » et comporte un horizon d’universalité, exprimé dans le propos conclusif de l’ouvrage. C’est la raison pour laquelle nous pensons que s’intéresser à l’orientation des personnes et des groupes humains est une tâche exaltante pour l’avenir de l’humanité.

Francis Danvers février 2018

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L’orientation : une organisation du champ politique – Réponse à Bernard Desclaux

Bernard Desclaux a publié une réflexion ”

Psychologie, orientation, éducation 2 : début de réflexion

“Je commencerai par développer quelques remarques sur les origines de mon interrogation sur l’histoire de l’orientation en France. Cet intérêt m’a accompagné tout au long de ma carrière, mais c’est assez tard qu’un cadre organisateur s’est imposé.”

Voici une contribution à ce débat :

C’est une analyse intéressante et stimulante. Toutefois, pour la petite histoire,  je crois me rappeler que l’Inetop avait réalisé très tôt une étude (à mon avis scientifiquement discutable) dont le résultat a été martelé année après année, démontrant l’inefficacité de l’ADVP. C’était déjà l’avis de la mission envoyée au Québec dans les années 1970, mission à laquelle participait Raphaël Bégarra. Très tôt, ces freins volontaires à toute évolution du concept même d’orientation la placent cette organisation administrative dans le champ politique. Celui-ci  souhaitait à l’époque une orientation conçue comme une « bonne » répartition des jeunes ( The right man at the right place) sous contrôle de l’Etat (répartition en fonction des besoins de l’économie), les COP devenant les agents de cette gestion.

A cette période on  adjoint donc une dimension économique  à la notion d’accompagnement social fondé sur le talent et le mérite. Elle se justifiait dans un contexte économique confronté à un tissu industriel en plein changement,  mais aussi au fort malaise exprimé dans les évènements de 1968. Ce sont ces évènements qui ont conduit à  une forme de compromis donnant à l’école la mission d’orienter tout en maintenant en son sein des agents fonctionnaires régulateurs disposant d’une certaine autonomie.

Or cette politique et tout son système de gestion n’a pas bougé depuis 1971. En 2003, devant  les dysfonctionnements déjà constatés dans l’insertion professionnelle,  l’hypothèse de la montée rapide du média numérique et des transformations accélérées  des environnements de travail et par conséquence de la formation tout au long de la vie, l’association “apprendre et s’orienter” avait proposé de transférer en France le concept de l”Approche orientante”.  Limiter l’orientation au seul domaine scolaire basé sur les notations disciplinaires paraissait alors en décalage face aux nouveaux défis et  risquait de produire une société figée par un système d’orientation daté reposant entre autres facteurs sur un verrouillage a priori des aspirations individuelles.

Ceci aurait nécessité d’établir un nouveau contrat entre l’institution scolaire, les jeunes et leurs familles. Il aurait fallu reconnaitre  ce que tout le monde sait aujourd’hui : que l’on construit son parcours de vie en même temps que ses apprentissages et que le rôle de l’école pourrait inclure celui d’initier et d’accompagner un premier parcours mais aussi de préparer la suite en développant des compétences d’autonomie en la matière, à savoir  gérer l’information, projeter et choisir.  Peut-être aurait-il fallu églement remettre en cause le système sélectif des « élites » parfois contre productif.

Apprendre et s’orienter proposait d’introduire dans chaque projet institutionnel, pédagogique ou personnel une dimension “orientante”, démarche visant  également à renforcer un sentiment d’efficacité personnelle.  Ceci a fait l’objet de timides avancées en termes d’information,  l’Onisep éditant quelques fascicules montrant le lien entre les disciplines et l’avenir économique ( Dossiers Perspectives de l’Onisep). Le premier Webclasseur (espace numérique personnel) était également fondé sur cette idée que les parcours pouvaient se construire individuellement en donnant de la signification aux informations et aux apprentissages (Webclasseur Onisep). Admission post Bac avait été enfin élaboré en ce sens avant d’être en partie détourné de sa fonction première pour commencer à devenir un début d’instrument de sélection.

Les Conseillers auraient pu jouer un important rôle d’accompagnement mais le problème ne semble plus se poser aujourd’hui qu’ils n’existent plus. Seul subsiste le système créé en 1971. Comment gérer politiquement cette situation maintenant ?

Jean-Marie Quiesse – janvier 2008

Je renvoie aux articles sur  www.apprendreetsorienter.org

QUIESSE JM – 80 ans d’orientation française – Du quantitatif au qualitatif

QUIESSE JM- L’orientation en France, un processus administré autour de 9 droits

QUIESSE  JM- Développer le sentiment d’efficacité personnelle par une approche orientante (CNAM 2010)

FERRE D. L’approche orientante, clé de voute des apprentissages – Cahiers pédagogiques

QUIESSE JM – FERRE D. – L’apprentissage autonome ne peut s’inscrire que dans le cadre d’un projet personnel orientant – Colloque ENFA

Et les ouvrages de Danielle Ferré, jean-Marie Quiesse et Alain Rufino  dont– L’approche orientante, une nécessité

 

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