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Archives par mot-clef : orientation professionnelle

Réflexions sur le « MAINTIEN PROFESSIONNEL »

par Laurent BOUALLEG

à la suite des conférences du Pr. J. Limoges à Montpellier et à Nîmes organisée à Montpellier par l’association «Apprendre Et S’Orienter» (AESO), le «Centre de Bilan de compétences Gard-Lozère-Hérault» (CIBC GLH), le «Master2 psychologie du travail et des organisations» (M2PTO) de l’Université Paul-Valéry

Psychologue de l’éducation nationale, spécialisé en éducation, développement et conseil en orientation scolaire et professionnelle – CIO Montpellier Centre

         Lors de ses interventions les 22 et 23 juin 2022 à Montpellier (Association Apprendre et s’orienter, Université Paul Valéry) et à Nîmes (CIBC Gard Lozère Hérault), le professeur Jacques Limoges a abordé un nombre impressionnant de concepts. Parmi ces concepts, dont il est l’auteur, je retiens le paradigme du maintien professionnel. Lors du congrès 2001 de l’AIOSP tenu à Vancouver, le maintien professionnel fut présenté comme un nouveau paradigme en gestion de carrière pour le 21e siècle. Le maintien représente un véritable pied de nez à la notion de lâcher-prise et à l’état d’esprit consumériste (acheter-jeter). Si le lâcher-prise et le tenir-prise peuvent s’apprendre, il est aussi possible d’apprendre à occuper l’espace entre ces deux dimensions lorsqu’elles deviennent des extrêmes et constituent des impasses : excès de tenir-prise = épuisement; excès de lâcher-prise = obsolescence.

         Cet entre-deux constitue l’espace du maintien. Si l’auteur a choisi de polariser la notion de lâcher-prise en la complétant avec celle du tenir-prise, c’est pour nous aider à mieux marcher dans l’espace-temps de l’équilibre. D’ailleurs, 50% des salariés se trouvent en équilibre. Il s’agit de pouvoir aider parmi ces salariés ceux qui auraient besoin d’aide pour rester en équilibre et de pouvoir aider les autres à approcher cet équilibre. Si je prends l’image d’un bébé, il s’agit d’éviter de « jeter le bébé avec l’eau du bain » car chacun peut apprendre à « lâcher » un peu, beaucoup ou toute l’eau du bain et à « tenir » juste au-dessus de l’eau ou très au-dessus de l’eau son « bébé intérieur » dans la durée. Notre bébé intérieur symbolise, à mes yeux, nos besoins, notre créativité, notre enthousiasme mais aussi le fait que nous ayons besoin des autres pour nous développer. Il y a donc un temps pour chaque chose. Il y a également un temps pour lâcher-prise et un temps pour tenir-prise.

         Ainsi le paradigme du maintien se décline en stratégies de maintien en gestion Vie-Carrière. Le « bon » mainteneur utilise au moins une douzaine de stratégies. Par exemple il est capable de faire régulièrement le point sur sa situation passée, présente et future. Autre exemple significatif : il reçoit du soutien de son entourage professionnel ou non professionnel. Le maintien oscille entre des temps de lâcher-prise et des temps de tenir-prise. Toutefois le « bon » mainteneur utilise davantage de stratégies du côté du tenir-prise que du côté du lâcher-prise. L’un des points forts de l’auteur et de ses concepts : une forte cohérence de l’ensemble des thèmes abordés et une application possible dans le domaine de l’orientation et de la gestion de carrière.

         Je résumerais ce concept avec une question : comment durer décemment jour après jour au travail et dans d’autres domaines de l’existence ? Jacques Limoges nous a démontré qu’il existe une logique, un espace, une dynamique et des stratégies propres au maintien. Ces stratégies peuvent même être identifiées en fonction des tiers de carrière, autre concept de l’auteur abordé lors de ses interventions. Le conférencier nous a fait vivre à travers un exercice combien la transmission des codes importe pour un bon maintien au premier tiers de carrière.

(à suivre…)

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A propos du modèle « TREFLE CHANCEUX »: exposé introductif

Pr. Daniel GILIBERT
Responsable scientifique du Master2 Psychologie sociale du travail et des organisations. Université Paul-Valery Montpellier 3

A l’occasion de la conférence débat organisée par l’association «Apprendre Et S’Orienter» (AESO), le «Centre de Bilan de compétences Gard-Lozère-Hérault» (CIBC GLH), le «Master2 psychologie du travail et des organisations» (M2PTO) de l’Université Paul-Valéry du Mercredi 22 juin de 14h à 17h

Je tiens dans un premier temps à Remercier Gérard Pithon et Alexis Samatan pour l’organisation de cet évènement dans un univers universitaire qui est de plus en plus compliqué administrativement.

Ils ont souhaité donner de la visibilité au master en Psychologie du travail en organisant cette conférence conjointement avec les acteurs de l’orientation dans notre région et je les en remercie.

Nous sommes heureux d’accueillir Jacques Limoges qui est l’initiateur de la méthode du  « trèfle chanceux » en matière d’orientation professionnelle. Nombre d’étudiants m’ont fait des éloges de cette méthode qui est très opérationnelle et appropriée, dans une activité de conseil en orientation et de bilan de compétence.

J’avoue que personnellement cela fait un certain temps que je ne me suis pas penché sur les problématiques d’orientation/insertion professionnelle. La dernière fois c’était dans le cadre de l’utilisation des méthodes ludo-éducatives en matière de recherche d’emploi.

Comme je regrette souvent que notre discipline, la psychologie se focalise trop sur des facteurs individuels et culpabilisants pour les demandeurs d’emploi, je ne peux que souligner quelques points du modèle du trèfle chanceux :

– La part des caractéristiques personnelles dans ce modèle est réduite à une seule feuille du trèfle. Au moins ce modèle ne risque pas de faire culpabiliser le demandeur d’emploi pour la situation dans laquelle il se trouve. Trop souvent les publications en psychologie font l’apologie du capital psychologique dont disposent ou non les gens, de leur résilience ou de leur tolérance à l’ambiguïté. Par déformation professionnelle, les chercheurs en psychologie tentent de rapporter un maximum de part de variance à ces variables individuelles, présentées comme explicatives, alors qu’elles peuvent être tout autant des conséquences des situations d’insertion et de désinsertion sociale dans lesquelles les gens se représentent.

– Ce modèle d’orientation insiste sur l’importance de l’environnement socio-économique dans lequel la recherche d’emploi est faite. Il accorde une part importante au marché de l’emploi qui est le facteur (d’offres et de demandes) structurant les résultats atteints. Le modèle propose la recherche d’une « méthode » pour définir et essayer de choisir son parcours dans cet environnement. Enfin ce modèle ne me semble pas être un modèle prescriptif. Il ne prétend pas de façon présomptueuse connaître « le bon chemin » pour trouver sa voie.

– Enfin, hormis le fait que ce modèle renvoie en partie la responsabilité de l’insertion professionnelle sur l’environnement socio-économique, je trouve approprié sa dénomination comme « trèfle chanceux » car cela nous rappelle à juste titre que les parcours de vie sont parfois une histoire de chance, d’opportunité et de hasard. Comme je le disais à un collègue il n’y a pas longtemps : « la vie est une loterie, il faut savoir être joueur ».

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Résumé : LA DYNAMIQUE INDIVIDU-ÉTUDE-TRAVAIL : décisions, occasions, crises en orientation professionnelle

Premiers résumés du conférencier Pr. Jacques LIMOGES, Université de Sherbrooke.

Conférence débat organisée par l’association «Apprendre Et S’Orienter» (AESO), le «Centre de Bilan de compétences Gard-Lozère-Hérault» (CIBC GLH), le «Master2 psychologie du travail et des organisations» (M2PTO) de l’Université Paul-Valéry

le Mercredi 22 juin de 14h à 17h

Lorsqu’en psychologie appliquée il fut question de circonscrire le champ, tant théorique que pratique, spécifique à l’Orientation scolaire et professionnelle, l’expression « Dynamique Individu-Étude-Travail » fit largement consensus (Limoges, 2018). En fait tout au long de la vie, toute démarche dans un sens ou dans l’autre reliée à cette dynamique triangulaire appelle une décision à prendre, à maintenir, peut-être à revoir ou à remplacer et éventuellement à boucler, autant d’occasions dites carriérologiques susceptibles de se transformer en crises (Limoges, 2010). Mais, préalablement, il y a lieu d’approfondir les angles constituant ce triangle. Pour ce faire, cette conférence-échange misera sur une approche didactique expérientielle, quelques courts exercices divers et non menaçants, servant à la fois de démonstrations et d’appuis à des échanges et des apports théoriques.

Quelques repères bibliographiques sur des travaux de J. Limoges
2018. La Dynamique Individu-Étude-Travail : l’orientation et le développement de carrière. Paris: Éd. Qui plus est.
2010. L’expérience de retrait comme forme de brouillage en gestion de carrière. Éducation permanente 138, 87-95.
2009. La transition études-travail : rapprocher le Monde scolaire du monde du travail ou visa versa. Actes du Colloque international sur l’insertion professionnelle des diplômés universitaires. Briska : Université de Briska.
2009. Managing and motivating during the three periods of the career cycle. AMCHAM of Luxemburg, 15-15.
2004. Job maintenance et career management. Développement de la qualité en orientation et dans la formation. Rapport final. Congrès international 2003 de l’AIOSP, 42-48.
2002. « L’entraide vocationnelle dans le cadre d’un service professionnel d’orientation pour les jeunes », dans Carriérologie, Revue francophone internationale, Vol.8 no. 3 et 4, p.321 à 349.

Articles en lien sur notre site :

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L’orientation scolaire et professionnelle en France : évolution et évaluation – Christian Bialès

Un document de synthèse exemplaire en 59 pages très bien documentées avec ses références bibliographies. Le texte qui suit a été à la base de la conférence faite dans le cadre du colloque organisé sous la direction de Francis Danvers en partenariat avec l’association « Apprendre et s’orienter » au Centre Culturel International de Cerisy, fin août 2015.


Christian BIALÈS
Ex-Président de l’association « Apprendre et s’orienter »
Professeur honoraire de Chaire Supérieure en Économie et Gestion

Plan de l’article :

INTRODUCTION

Pour commencer, permettez-moi de faire 3 citations :
La première est tirée du rapport que l’IGEN et l’IGAEN ont publié en octobre 2005 sur le fonctionnement des services d’information et d’orientation. On lit ceci dans l’introduction de ce rapport : « Un auteur contemporain terminait, en 1988, un ouvrage publié dans le prolongement de sa thèse en expliquant que « l’histoire de l’orientation en France n’était pas encore écrite » …

Première partie : Repères historiques jusqu’à la fin de la IVe République

Jusqu’à l’aube du XVIIe siècle, le monde de l’artisanat est couplé avec la “formation sur le tas” grâce à l’apprentissage du métier dans le cadre certes figé mais aussi protégé et valorisant des corporations et du campagnonnage. Chaque maître a au plus trois apprentis,…

Deuxième partie : Repères historiques sur la Vème République

Toute l’évolution du système éducatif au cours de la deuxième moitié du XXème siècle s’appuie sur deux préoccupations : celle, démocratique, de scolariser davantage d’élèves et d’étudiants en leur donnant des chances égales de succès, et celle, économique, d’élever le niveau de qualification pour affronter au mieux les défis lancés par la forte croissance des années 50 et 60,…

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