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L’orientation : une organisation du champ politique – Réponse à Bernard Desclaux

Bernard Desclaux a publié une réflexion ”

Psychologie, orientation, éducation 2 : début de réflexion

“Je commencerai par développer quelques remarques sur les origines de mon interrogation sur l’histoire de l’orientation en France. Cet intérêt m’a accompagné tout au long de ma carrière, mais c’est assez tard qu’un cadre organisateur s’est imposé.”

Voici une contribution à ce débat :

C’est une analyse intéressante et stimulante. Toutefois, pour la petite histoire,  je crois me rappeler que l’Inetop avait réalisé très tôt une étude (à mon avis scientifiquement discutable) dont le résultat a été martelé année après année, démontrant l’inefficacité de l’ADVP. C’était déjà l’avis de la mission envoyée au Québec dans les années 1970, mission à laquelle participait Raphaël Bégarra. Très tôt, ces freins volontaires à toute évolution du concept même d’orientation la placent cette organisation administrative dans le champ politique. Celui-ci  souhaitait à l’époque une orientation conçue comme une « bonne » répartition des jeunes ( The right man at the right place) sous contrôle de l’Etat (répartition en fonction des besoins de l’économie), les COP devenant les agents de cette gestion.

A cette période on  adjoint donc une dimension économique  à la notion d’accompagnement social fondé sur le talent et le mérite. Elle se justifiait dans un contexte économique confronté à un tissu industriel en plein changement,  mais aussi au fort malaise exprimé dans les évènements de 1968. Ce sont ces évènements qui ont conduit à  une forme de compromis donnant à l’école la mission d’orienter tout en maintenant en son sein des agents fonctionnaires régulateurs disposant d’une certaine autonomie.

Or cette politique et tout son système de gestion n’a pas bougé depuis 1971. En 2003, devant  les dysfonctionnements déjà constatés dans l’insertion professionnelle,  l’hypothèse de la montée rapide du média numérique et des transformations accélérées  des environnements de travail et par conséquence de la formation tout au long de la vie, l’association “apprendre et s’orienter” avait proposé de transférer en France le concept de l”Approche orientante”.  Limiter l’orientation au seul domaine scolaire basé sur les notations disciplinaires paraissait alors en décalage face aux nouveaux défis et  risquait de produire une société figée par un système d’orientation daté reposant entre autres facteurs sur un verrouillage a priori des aspirations individuelles.

Ceci aurait nécessité d’établir un nouveau contrat entre l’institution scolaire, les jeunes et leurs familles. Il aurait fallu reconnaitre  ce que tout le monde sait aujourd’hui : que l’on construit son parcours de vie en même temps que ses apprentissages et que le rôle de l’école pourrait inclure celui d’initier et d’accompagner un premier parcours mais aussi de préparer la suite en développant des compétences d’autonomie en la matière, à savoir  gérer l’information, projeter et choisir.  Peut-être aurait-il fallu églement remettre en cause le système sélectif des « élites » parfois contre productif.

Apprendre et s’orienter proposait d’introduire dans chaque projet institutionnel, pédagogique ou personnel une dimension “orientante”, démarche visant  également à renforcer un sentiment d’efficacité personnelle.  Ceci a fait l’objet de timides avancées en termes d’information,  l’Onisep éditant quelques fascicules montrant le lien entre les disciplines et l’avenir économique ( Dossiers Perspectives de l’Onisep). Le premier Webclasseur (espace numérique personnel) était également fondé sur cette idée que les parcours pouvaient se construire individuellement en donnant de la signification aux informations et aux apprentissages (Webclasseur Onisep). Admission post Bac avait été enfin élaboré en ce sens avant d’être en partie détourné de sa fonction première pour commencer à devenir un début d’instrument de sélection.

Les Conseillers auraient pu jouer un important rôle d’accompagnement mais le problème ne semble plus se poser aujourd’hui qu’ils n’existent plus. Seul subsiste le système créé en 1971. Comment gérer politiquement cette situation maintenant ?

Jean-Marie Quiesse – janvier 2008

Je renvoie aux articles sur  www.apprendreetsorienter.org

QUIESSE JM – 80 ans d’orientation française – Du quantitatif au qualitatif

QUIESSE JM- L’orientation en France, un processus administré autour de 9 droits

QUIESSE  JM- Développer le sentiment d’efficacité personnelle par une approche orientante (CNAM 2010)

FERRE D. L’approche orientante, clé de voute des apprentissages – Cahiers pédagogiques

QUIESSE JM – FERRE D. – L’apprentissage autonome ne peut s’inscrire que dans le cadre d’un projet personnel orientant – Colloque ENFA

Et les ouvrages de Danielle Ferré, jean-Marie Quiesse et Alain Rufino  dont– L’approche orientante, une nécessité

 

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