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L’impact d’Internet sur nos cerveaux

Le dernier ouvrage de Nicholas Carr,  “The shallows : what the Internet is doing to our brain” est un essais sur le virtuel mais il fait déjà couler beaucoup d’encre.  La presse et les internautes s’activent autour de ce sujet et il suffit d’aller sur le Monde  du 04 octobre ou sur le blog de Louis Naugès pour s’en faire une idée. Internet n’est pas sans répercussions sur la pédagogie. Dans ce nouveau contexte technologique, la tête bien faite n’est plus seulement un vaste palais de la mémoire, elle est plus que jamais, à travers une gestion informationnelle, un instrument d’analyse des environnements et, au fil de l’eau, de prise de décisions. Il est maintenant disponible en français sous le titre “Internet rend-il bête ?


Autant d’impact que l’invention de l’alphabet

Il apparait qu’Internet aura autant d’impact sur les cerveaux que l’alphabet, la cartographie, l’horloge ou l’imprimerie. C’est ce que disait déjà Marshall mc Luhan il y a trente ans et le développement de l’informatique ne lui a pas donné tort. Il est aussi relevé que l’on assiste à la construction d’une vaste mémoire externe dont le fonctionnement n’est pas identique à celle du système nerveux humain. Certes, mais l’invention de la bibliothèque à Alexandrie, construction avec ses classifications artificielles, était déjà une externalisation de la mémoire pour une  connaissance mieux partagée. Il est dit qu’Internet modifierait les capacités de concentration et de réflexion : mais toute nouvelle technologie de gestion de l’information a nécessité une adaptation des schémas de fonctionnement de l’intelligence.

La plus vaste  bibliothèque connectée

Internet est une immense bibliothèque, mais interconnectée et en transformation permanente. Elle met effectivement en cause la capacité du cerveau à gérer de l’information en rapide changement.  Les spécialistes d’IBM disent à ce propos que chaque jour c’est le contenu de huit grandes bibliothèques qui s’ajoute au patrimoine des connaissances.

Une autre forme de lecture

Toujours d’après N. Carr, une étude montrerait que les zones activées du cerveau ne sont pas les mêmes dans l’apprentissage virtuel que dans l’apprentissage sur du concret. C’est fort possible, l’important  est que les effets soient identiques, ce qui est d’ailleurs démontré. Enfin, il parait que l’ouverture de nouvelles connections neuronales surprime les anciennes. C’est ainsi que les internautes passionnés n’arrivent plus à lire un livre. L’activation de nouvelles fonctions jugées un moment plus performantes et plus confortables ne rend pas définitivement obsolètes les apprentissages antérieurs. Savoir conduire une automobile n’empêche pas l’habileté cyclopédique. Mais ce que l’on sait aussi, et qui ne semble pas évoqué dans l’ouvrage, c’est que la méthode d’accommodation de lecture sur écran (divergente) est l’inverse de la lecture sur un texte imprimé (convergente). Le passage de l’un à l’autre oblige à une gymnastique fatigante.

Une nouvelle conception de la tête bien faite

Internet, avec ses données externalisées et divergentes, laisse entrevoir que penser, aujourd’hui, consiste davantage à savoir accéder aux bonnes sources et gérer de l’information plutôt qu’à s’appuyer sur une mémoire interne. Internet déplace les capacités cognitives du “par coeur” à la capacité d’analyse et de critique, fonction utile pour faire le tri entre l’information pertinente et celle qui semblent inutiles. Si cette nouvelle technologie laisse  les ordinateurs effectuer une partie du travail cérébral et allège donc l’effort intellectuel, elle met en valeur le nécessaire apprentissage de cette nouvelle étape de gestion de la connaissance. Dans ce nouveau contexte technologique, la tête bien faite n’est plus seulement un vaste palais de la mémoire, elle est plus que jamais, à travers une gestion informationnelle, un instrument d’analyse des environnements et, au fil de l’eau, de prise de décisions.

Jean-Marie Quiesse, décembre 2010

Louis Nauges http://nauges.typepad.com/my_weblog/2010/07/lhomo-interneticus-resteratil-lhomo-sapiens-.html
Alain Montesse http://1plus1.canalblog.com/

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